LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES D’HAÏTI EXHORTE JOVENEL MOÏSE À RENONCER AU RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL POUR ÉVITER LE CHAOS

LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES D’HAÏTI EXHORTE JOVENEL MOÏSE À RENONCER AU RÉFÉRENDUM POUR ÉVITER LE CHAOS

Alors que Jovenel Moïse a réitéré  sa volonté de doter le pays d’une nouvelle constitution par voie référendaire, la conférence des évêques  d’Haïti exhorte le président de la République à renoncer à son projet pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos.

”Dans une atmosphère sociopolitique et économique aussi délétère, nous convions les acteurs politiques, les hommes et les femmes au pouvoir comme ceux de l’opposition radicale ou modérée, à éviter de faire peser sur le dos du Peuple de lourds fardeaux qui auront pour conséquences de ralentir ou même bloquer sa marche vers son plein épanouissement” écrit la CEH dans une note.

Voici le texte dans son intégralité:

Frères et Sœurs Bien-aimés,

Hommes et Femmes de Bonne Volonté,

  1. Au nom du Christ, Sauveur de l’humanité, en vertu de la mission qui lui a été confiée de rendre témoignage à la vérité, l’Église ne peut abandonner l’humain, dont le ‘‘destin’’, c’est-à-dire le choix, le salut ou la perdition, sont liés d’une manière si étroite et indissoluble au Christ (cf. Pape Jean Paul II, Redemptor Hominis, n.14).

2. L’Église d’Haïti porte en elle cette sollicitude pour l’ensemble du Peuple Haïtien en restant sensible à ses questions et à ses inquiétudes angoissantes comme un élément essentiel de sa mission (cf. Jean Paul II, Redemptor Hominis, n.15). Les différents messages de la CEH témoignent de l’engagement de l’Église d’Haïti aux côtés du Peuple Haïtien dans sa quête de justice, de paix et de bonheur.

  1. En ces temps difficiles de notre histoire de peuple, les cris angoissants de nos sœurs et frères trouvent un vibrant écho en nos cœurs d’Évêques, pasteurs du Peuple de Dieu. Ces cris sont provoqués par la souffrance endurée à cause des maux terrifiants tels : la multiplication des gangs lourdement armés qui font la loi et imposent leurs diktats, la violence sous toutes ses formes, le kidnapping, l’insécurité qui empêche la libre circulation sur le territoire national, la criminalité, l’impunité, l’instabilité politique, la détérioration des structures de l’État, la cherté de la vie, la recrudescence de la Covid-19, etc…
  2. Dans une atmosphère sociopolitique et économique aussi délétère, nous convions les acteurs politiques, les hommes et les femmes au pouvoir comme ceux de l’opposition radicale ou modérée, à éviter de faire peser sur le dos du Peuple de lourds fardeaux qui auront pour conséquences de ralentir ou même bloquer sa marche vers son plein épanouissement. Parmi ces fardeaux nous citons, entre autres, la volonté de doter le pays à tout prix d’une nouvelle constitution par voie référendaire.
  3. Comme nous l’avons dit dans notre Message de Noël 2020, « si de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer des changements dans la constitution ou une nouvelle constitution, il faut bien chercher la manière juste et consensuelle pour y arriver ». Tel n’est pas le cas pour le moment. La décision de remplacer une Constitution ne devrait pas être prise en pleine crise politique où l’on peine à trouver un consensus pour en sortir. S’entêter à le faire va enfoncer le pays dans une crise encore plus profonde. La conjoncture sociale et politique actuelle, faite de division, de méfiance et de violence de toutes sortes, n’est pas du tout favorable à un projet d’une telle envergure, qui supposerait la mise en commun de toutes les forces vives de la Nation. Renoncer au projet du référendum serait donc la sage décision de l’heure. Évitez, nous vous en conjurons, que le pays connaisse encore des jours sombres et même pires que ceux que nous connaissons présentement.
  1. Le peuple haïtien, dans toutes ses composantes, ne peut plus attendre de voir le pays sortir de la misère, de l’insécurité, de l’instabilité et de l’illégalité chronique. En conséquence, travailler pour la paix et le changement en profondeur nous presse tous et est à mettre à l’œuvre maintenant. Comment le faire sans d’abord nous accepter comme frères et sœurs, fils et filles d’une même nation, sans relancer sans tarder la marche démocratique permettant au peuple de choisir ses dirigeants légitimes par la voie électorale libre et transparente ?
  2. Forts de notre mission d’accompagner ce peuple dans son combat quotidien pour un mieux-être matériel et spirituel, pour un avenir de paix et de participation à la construction de la démocratie, nous appelons tous les Haïtiens et toutes les Haïtiennes à ne pas se laisser voler l’espérance qui nous fait vivre (cf. CEH, Message de Noël 2020). Haïti vivra ! Soyons courageux, persévérants, tenaces et assez sages pour la construire !
  3. Que la Bienheureuse Vierge Marie, Notre-Dame du Perpétuel Secours, Patronne d’Haïti, intercède pour nous ! Que le Christ Rédempteur, par son Esprit-Saint, fasse triompher la Justice, la Paix et l’Union dans notre Pays ! Que Dieu nous bénisse et bénisse Haïti !

Donnée à Lilavois, au Siège de la Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH), le 1er juin 2021, mémoire liturgique de Saint Justin, Martyr.

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