Assassinat de Jovenel Moïse: Martine Moïse dit sa vérité et envisage de se porter candidate à la Présidence

C’est au quotidien américain New York Times que l’ex-première dame de la république Martine Etienne Moïse a accordé sa première interview moins d’un mois après l’assassinat de son mari, président d’Haïti, Jovenel Moïse.

Grièvement blessée lors de l’irruption d’un commando armé au domicile du couple presidentiel, l’ex-première Dame a exprimé sa tristesse de voir son époux durant 25 ans se faire tuer par des mercenaires.

« La seule chose que j’ai vue avant qu’ils ne le tuent, ce sont leurs bottes; puis j’ai fermé les yeux et je n’ai rien vu d’autre.”, a declaré Martine Moise, précisant que son mari, le président Jovenel Moïse a été abattu à côté d’elle.

L’ex-première Dame a affirmé avoir entendu les assaillants fouiller le bureau du président, cherchant spécifiquement quelque chose dans les dossiers du chef de l’État. “‘ Ce n’est pas ça. Ce n’est pas ça », répètent les assassins en espagnol avant de trouver enfin ce qu’ils cherchaient: “Ça y est.’ » a indiqué Martine Moïse.

Aucun des assassins ne  s’exprimait en créole ou français. ‘’Les hommes ne parlaient que l’espagnol et communiquaient avec quelqu’un au téléphone pendant qu’ils fouillent la pièce. “Ils cherchaient quelque chose dans la pièce, et ils l’ont trouvé”, a ajouté la veuve de Jovenel Moise, précisant précisé qu’elle ne savait pas ce que c’était.

’’Les tueurs sont sortis. L’un a marché sur mes pieds. Un autre a agité une lampe de poche dans mes yeux, apparemment pour vérifier si j’étais toujours en vie. Ils croyaient que j’étais morte quand ils sont partis” a souligné Martine Moïse.

L’ex premiere Dame âgée de 47 ans, dit ne plus vouloir revivre cette scène atroce. Elle espère l’aboutissement de l’enquête et réclame l’aide des États-Unis car a-t-elle assuré comme beaucoup d’Haïtiens, elle a des doutes, se demandant qui est le véritable commanditaire de ce meurtre menée par un commando aussi puissant? Martine Moise s’interroge sur l’attitude des 30 à 50  hommes chargés d’assurer la sécurité du président. Aucun d’entre eux n’a été blessé ou tué.

Si la police haïtienne avance dans l’enquête,  (nous citons l’article du New York Times), procédant à l’arrestation d’une vingtaine de personnes en lien avec le meurtre, dont 18 Colombiens, plusieurs Haïtiano-américains , le médecin et pasteur Christian Emmanuel Sanon,  et en quête d’autres individus dont l’ancien sénateur John Joel Joseph.

Aucune des personnes nommées dans l’enquête n’a les moyens de financer le complot, estime Mme Moïse. Elle croit qu’il doit y avoir un cerveau derrière eux, donnant les ordres et fournissant l’argent.

Martine Moïse a rappelé que Jovenel Moïse s’était engagé dans une bataille féroce avec certains riches oligarques du pays, dont la famille qui contrôlait le réseau électrique et d’autres puissants hommes d’affaires.

Martine Moïse n’a pas de doute là-dessus. “Seuls les oligarques et le système pourraient le tuer”, a-t-elle déclaré, indiquant qu’elle veut savoir qui exactement. Une question que les enquêteurs peinent encore à répondre à son avis. ‘’Les moyens de subsistance de ces oligarques ont été perturbés par Jovenel Moïse après avoir coupé leurs contrats lucratifs’’, a déclaré la veuve.

Martine Moïse a cité le très influent homme d’affaires haïtien Réginald Boulos qui envisage de devenir président du pays, comme quelqu’un qui peut se réjouir de la mort de son mari, bien qu’elle ne l’ait pas accusé d’avoir ordonné l’assassinat, soutient l’article du New York Times.

Réginald Boulos et ses entreprises ont été au centre d’un stratagème financier, selon le gouvernement haïtien, qui l’a accusé d’avoir détourné des  prêts obtenus dans les fonds de l’ONA, office national d’assurance vieillesse. ‘’Les comptes bancaires de Boulos ont été gelés avant la mort de Jovenel Moïse. La décision a été annulée après sa mort’’ fulmine Mme Moïse.

Invité à répondre, Réginald Boulos a indiqué qu’il n’est impliqué ni de près ni de loin dans le meurtre de Jovenel Moïse, arguant que sa carrière politique était en fait mieux avec Jovenel Moïse vivant parce que dénoncer le président était un élément central de sa plate-forme MTV. “Je n’ai absolument, rien à voir avec son meurtre, même en rêve”, a déclaré Réginald Boulos, qui se prononce  pour “une enquête internationale solide et indépendante pour trouver celui qui a financé l’assassinat du président’’.

Martine Moise dit avoir eu peur pour ses enfants.Au moment des coups de feu, la veuve de l’ex-président dit avoir réveillé ses deux enfants en les exhortant de se cacher dans une salle de bain.

Elle  explique que Jovenel Moïse l’a confié avoir pu  joindre au téléphone  les deux plus hauts responsables de la sécurité présidentielle, Dimitri Hérard et Jean Laguel Civil qui ont promis de venir.

‘’Cependant les assassins sont entrés rapidement dans la maison, apparemment sans encombre’’ a souligné Martine Moïse, précisant que Jovenel Moïse  lui a  demandé de s’allonger sur le sol pour qu’elle ne se blesse pas.

« C’est là que je pense que vous serez en sécurité », ‘’Ce fut la dernière chose qu’il m’a dite’’ a declaré Martine Moise.

‘’Ensuite, une rafale de coups de feu a traversé la chambre. J’ai été touchée en premier, à la main et au coude. Je restais du coup immobile sur le sol, convaincue que moi et tous les autres membres de ma famille avaient été tués’’ a-t-elle  expliqué.

“À ce moment-là, j’ai senti que j’étouffais parce qu’il y avait du sang dans ma bouche et je ne pouvais pas respirer. Dans mon esprit, tout le monde était mort, car si le président pouvait mourir, tout le monde aurait pu mourir aussi.” a fait remarquer l’ex-première dame de la République.

Martine Moïse s’attend à ce que la justice trace un exemple sur ce gens qui ont eu l’idée de tuer un président.
“Je voudrais que les gens qui ont fait ça soient arrêtés, sinon ils tueront tous les présidents qui prendront le pouvoir’’ a soutenu Mme Moïse avant d’ajouter « Ils l’ont fait une fois. Ils le feront à nouveau. ».

Martine Moïse appelle les Haïtiens à avoir de la considération et à se souvenir de son mari qui a résisté aux riches et aux puissants.

‘’Le président Jovenel avait une vision, et nous, les Haïtiens, n’allons pas la laisser mourir’’ a-t-elle déclaré.

De ce fait, Martine Moïse n’écarte pas la possibilité de se porter candidate à la présidence, quand elle aura fini avec ses autres interventions chirurgicales.

Martine Moise a déjà subi deux opérations. Les médecins envisagent d’implanter des nerfs de ses pieds dans ce bras. Elle pourrait ne jamais retrouver l’usage de son bras droit, a-t-elle soutenu, relatant qu’elle ne peut bouger que deux doigts.

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