Haïti-Politique: Sanctionné par Washington, le Conseiller-président Fritz Alphonse Jean dénonce l’ingérence étrangère

Le représentant de l’Accord Montana au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, a vigoureusement dénoncé l’ingérence étrangère dans les affaires internes d’Haïti. L’économiste affirme avoir été soumis à de fortes pressions de la part des missions diplomatiques les plus influentes dans le pays, notamment celles des États-Unis et du Canada, en raison de démarches qu’il aurait entreprises en vue de la révocation du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé.

Des menaces auraient également été proférées à l’encontre d’autres membres du CPT. Plusieurs de ses collègues du CPT  et un ministre auraient aussi reçu des menaces à ce sujet, a  indiqué Fritz Jean, ce mercredi 26 novembre 2025, à  Vision 2000, au micro de Marie Lucie Bonhomme, réitérant les propos tenus la veille, lors d’un point de presse à la Villa d’Accueil. Fritz Alphonse Jean n’était accompagné que de Lesly Voltaire, représentant du parti Fanmi Lavalas au sein du CPT.

Le 24 novembre 2025, le Département d’État américain a annoncé l’imposition de restrictions de visa à l’encontre d’un officiel haïtien, sans en divulguer le nom, l’accusant de manœuvres déstabilisatrices en Haïti et de soutien aux gangs et  à d’autres organisations terroristes.

Fritz Alphonse Jean a confirmé être la personne visée, se disant stupéfait et mettant au défi les autorités américaines de fournir la moindre preuve étayant leurs accusations.

«Cela constitue une profonde marque d’irrespect envers la nation», a déploré Fritz Jean lors de son intervention dans la rubrique Invité du jour sur Radio Vision 2000.

Il y voit la poursuite d’un plan destiné, selon lui, à précipiter davantage le pays dans l’abîme, soulignant que de telles pratiques de la communauté internationale ont déjà conduit à «une gouvernance ayant contribué à l’effondrement de l’État, à l’insécurité, à la dégradation économique et sociale, ainsi qu’à la déchéance nationale».

Washington, pour sa part, justifie sa démarche par la nécessité d’assurer la stabilité et la tenue d’élections crédibles dans le pays.

«Des garanties que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé est incapable d’offrir», a rétorqué Fritz Jean, qui affirme vouloir le démettre de ses fonctions pour incompétence et insubordination.

Il a réaffirmé son engagement en faveur de la bonne gouvernance et de la reddition de comptes, ajoutant qu’ «Alix Didier Fils-Aimé a failli à sa mission de rétablir la sécurité, d’instaurer la bonne gouvernance et de préparer l’organisation des élections».

Il l’accuse également d’avoir saboté l’exécution du «budget de guerre», dont les dépenses n’auraient couvert que 33 % des fonds disponibles au 31 août 2025, alors même que la crise sécuritaire s’aggravait. Fritz Jean dénonce en outre les choix budgétaires du chef du gouvernement, évoquant une augmentation de plus de 1 208 % des intérêts sur la dette interne.

Dans une correspondance adressée à ses collègues ce mercredi 26 novembre 2025, le   coordonnateur du CPT,  Laurent Saint-Cyr  a mis en garde contre un changement à  la tête du gouvernement. Il estime qu’une telle décision risquerait de déstabiliser le pays. Le représentant du secteur privé au sein du CPT a lancé  un appel  à la sérénité, au dialogue et à  l’unité, sans évoquer les  pressions exercées par le chargé d’affaires américain Henry T. Wooster et l’ambassadeur du Canada André François Giroux sur des membres du Conseil présidentiel de transition.

Des leaders politiques issus de divers horizons, dont l’ancien Premier ministre Claude Joseph (EDE) et Moïse Jean-Charles (Pitit Desalin), condamnent la décision de Washington de sanctionner le conseiller présidentiel Fritz Alphonse Jean.

Le mandat du Conseil présidentiel de transition arrive à échéance le 7 février 2026.

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