Le conseil de l’ordre des avocats de Port-au-Prince a rendu un ultime hommage au bâtonnier Monferrier Dorval, lâchement assassiné le 28 Août 2020 en sa résidence privée à Pèlerin 5.
Lors d’une messe de requiem célébrée dans la matinée du vendredi 18 septembre, en mémoire du professeur à l’Université, plusieurs personnalités de la société civile, de nombreux avocats étaient présents à l’Église Saint Pierre, à Pétion ville, En revanche, aucune trace d’officiels du gouvernement.
Cette cérémonie d’hommage s’est déroulée environ 24 heures après les funérailles privées de Me Dorval organisées par sa famille.
Les différents intervenants ont tous lancé une mise en garde contre une parodie de justice, tout en appellant la population à rester sur ses gardes.
« S’il n’y a pas de justice pour le bâtonnier Monferrier Dorval, il n’y en aura pour personne”, a martelé Mgr André Dumas, faisant remarquer que c’est la première fois qu’un bâtonnier en fonction a été assassiné.
L’homme d’Église a dénoncé l’insécurité grandissante dans le pays, notamment les nombreux cas d’assassinat perpétrés en toute impunité dans les quartiers populeux par des individus armés qui y sèment la terreur.
L’archevêque de Port-au-Prince, Monseigneur Max Leroy Mesidor, a plaidé également pour un procès équitable. Un process baclé serait considéré comme une défaite définitive du droit et l’assassinat une deuxième fois de Me Dorval. Il provoquerait la fermeture de toutes les facultés et écoles de droit en Haïti, dit-il.
L’ex-bâtonnier Stanley Gaston, actuel président de la Conférence Internationale des Barreaux, a pour sa part, déploré les conditions de la mort de Me Monferrier Dorval, qu’il présente comme un ami et quelqu’un qui a milité pour la justice et le respect des droits de l’homme. Il a informé que d’ici la semaine prochaine, plusieurs barreaux du monde se porteront partie civile aux côtés du conseil de l’ordre des avocats de Port-au-Prince et de la Fédération des barreaux d’Haïti, afin que justice soit rendue à Me Dorval. Il a appelé ses pairs à se battre contre l’insécurité et pour la justice.
La bataille ne fait que commencer, a renchéri, la batonnière ad interim, Me Mary Suzy Legros.
L’Université pleure le départ d’un monument et réclame justice.
L’Université d’État d’Haiti entend perpétrer l’héritage de Monferrier Dorval, promet le recteur Fritz Deshommes. Il annonce la poursuite des travaux sur la réforme de l’enseignement du droit en Haïti et la matérialisation des deux programmes de masters à l’UEH, projets dont étaient porteur le professeur de droit constitutionnel.
En outre, il sera créé le prix d’excellence Monferrier Dorval afin de distinguer les meilleurs travaux de mémoire en Sciences juridiques.
Le doyen de la faculté de droit de l’Université Quisqueya, Me Bernard Gousse, a dressé un somptueux portrait de Monferrier Dorval, regrettant le départ d’une sommité du droit. Il a invité les gens à s’inspirer de l’excellence et de la combativité de Me Dorval, en défiant les instigateurs de la terreur et de la médiocrité. L’ancien ministre de la justice a appelé la majorité à s’unir pour faire échec à cet État qui promeut la corruption et l’insécurité.
Le thème justice a été dominant dans les discours des personnalités de l’église, de la basoche et de l’université. Justice, c’est tout ce que réclame Fedler Athis, neveu du bâtonnier, qui a dit souhaiter que les idées de Me Dorval s’étendent dans les esprits des gens.
Des cérémonies d’hommage au bâtonnier Monferrier Dorval ont été organisées dans toutes les juridictions du pays.
Me Monferrier Dorval, né à Grande-Saline, commune du département de l’Artibonite le 10 juin 1956, était détenteur d’un doctorat en droit. Il enseignait à l’Université Quisqueya, à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques et à la Faculté des Sciences Humaines de l’UEH où il avait décroché une licence dans la filière Service Social.
Élu bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince le 6 février 2020, Me Monferrier Dorval, a été éxécuté chez lui dans la soirée du 28 Août 2020
