Éloge funèbre de la Première Dame de la République, SEM Martine Étienne MOÏSE, à l’occasion des Funérailles Nationales de son Époux, SEM Jovenel MOÏSE, assassiné le 07 Juillet 2021
Au nom de toute la famille Présidentielle, j’aimerais vous remercier du plus profond de mon cœur de votre présence parmi nous pour rendre un dernier Hommage à mon mari Jovenel MOÏSE. La famille vit ces moments avec beaucoup de difficultés et d’émotions.
Faire le déplacement jusqu’ici pour nous soutenir, pour dire adieu au Président de la République, est une marque de sympathie qui procure force et courage à toute la famille et l’aide à surmonter ces épreuves.
Quand j’ai rencontré Jovenel Moïse, cet homme qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants, ses professeurs, camarades, amis et connaissances le décrivaient comme un esprit brillant, inventif et créatif ; un être passionné et déterminé, une personne sympathique, enjouée, dotée d’un grand charisme ; un jeune homme réservé mais tellement généreux.
Ce jeune homme m’a charmée et séduite. Il m’a conquise. Il a gagné mon cœur et depuis, nous avons décidé de construire un seul et même avenir. Nous avons choisi de ne faire qu’un seul et même être. Il est devenu ma chair et mon sang coulait dans ses veines. Il est devenu mon hymne et moi son orchestre.
Ce jeune homme passionné, cet entrepreneur à succès, mon Jovenel Moïse, a toujours cherché à faire plus, à faire mieux. Il ne voulait pas fermer les yeux sur les conditions de vie de ses parents, de ses frères et sœurs qui ont dû travailler rudement pour faire son éducation.
Pour en avoir été longtemps une victime, il connaissait bien les vices de ce système pourri et injuste dont personne avant lui n’a voulu parler. Ce système auquel peu avant lui ont voulu s’attaquer.
Alors un jour, il a décidé de se porter candidat à la magistrature suprême de l’État. De mettre la main à la pâte, d’intégrer le système pour le combattre. Et depuis ce jour, j’ai dû me familiariser à entendre parler de cet homme que je connais si bien en des termes dont je ne connaissais pas l’existence.
Mon Jovenel a été traité de tous les noms que peuvent faire inventer la haine de soi et le dégoût que suscite le reflet de soi dans ceux qui nous ressemblent. Sous l’anonymat des réseaux sociaux ; derrière la toute puissance des micros et la pointe de stylos vendus à prix d’or ; cachés sous des titres ronflants dont ils s’affublent, experts ès mensonges, consultants en générations de problèmes, techniciens du chaos, politiciens miséreux et si misérables, chacun s’est voulu plus créatif que l’autre.
J’entendais des adjectifs associés au nom de mon bien-aimé et j’avais du mal à m’imaginer que la folie du pouvoir, la vulnérabilité économique, le vant vid, l’envie pouvait conduire à autant de méchancetés.
Mais on s’y était préparé. La famille savait que le combat de Jovenel Moïse nous vaudrait toutes les turpitudes.
Ce à quoi nous n’étions pas préparés, ce à quoi je n’étais préparée c’est de me tenir debout aujourd’hui pour prononcer l’éloge funèbre de mon époux. C’est me réveiller un matin et ne pas voir Jovenel à mes côtés.
Comment accepter l’idée de ne plus entendre ta voix, tes rires, de ne plus te toucher, de ne plus entrelacer mes doigts aux tiens ? Comment t’imaginer partir quelque part sans moi, sans tes enfants ?
C’est un cauchemar dont je n’arrive pas encore à me réveiller ! C’est une situation à laquelle tu ne nous avais pas préparée ! Ta femme, tes enfants, tes petits enfants, tes sœurs, tes frères, tes neveux et nièces, cousins et cousines, tes amis, tes collaborateurs, ton peuple ! Nous sommes là ce matin à faire quoi ? Te rendre un dernier hommage ? Faire ton deuil ? Tu ne nous as pas préparé à cela !
Je me souviens encore de toi me disant que tu veux partir les mains propres et pures. Mais tu ne pensais pas partir sans avoir pu nous faire tes adieux. Tu ne pensais pas partir mutilé, désarticulé !
Tu as été sauvagement assassiné, toi qui as toujours renoncé à la violence ! Tu as toujours prêché le pardon, la réconciliation, le tèt ansanm ! On a comploté contre toi, te condamnant à mourir dans la barbarie et la cruauté!
Toi si indulgent envers les autres, tu as connu la haine ! Ils t’ont jeté leur venin pour assassiner ton caractère. Toi toujours si loyal envers tes proches, tu as été abandonné et trahi.
Ton assassinat a mis à nu leur haine, leur laideur et leur lâcheté.
Quel crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment, toi, dont le plus grand péché a été d’aimer ton pays. Défendre les plus faibles, les plus vulnérables, les opprimés, les sans-voix contre l’avarice des uns et la cupidité des autres, est-ce un crime ?
Vouloir libérer l’État des griffes d’oligarques corrompus, est-ce un si grand méfait ? Pourquoi vouloir électrifier son pays provoque autant de haine et de violence ? Quand combattre la corruption est-il devenu un délit ? Pourquoi vouloir démocratiser le crédit est un péché ? Comment lutter pour l’égalité des chances d’accéder à la fonction publique est devenu condamnable ?
Sœurs et frères, Haïtiennes et Haïtiens, si vous croisez les bras et regardez faire les bourreaux, le sang ne cessera de couler. Aujourd’hui, c’est Jovenel Moïse. Demain, ce sera elle, ce sera lui, ce sera moi, ce sera nous.
Les rapaces courent encore les rues. Leurs griffes et leurs crocs ensanglantés sont encore à la recherche de proie. Ils ne se cachent même pas. Ils sont là à nous regarder, à nous écouter, espérant nous faire peur. Leur soif de sang ne s’est pas encore étanchée.
Mais Jovenel Moïse nous a montré le chemin. Il nous a ouvert les yeux. Alors ne laissez pas se verser en vain le sang de votre Président. Crions justice ! Crions justice ! Crions justice !
Nous ne voulons ni vengeance, ni violence. La violence amène la violence répétait souvent le Président Jovenel. Nous ne céderons pas non plus à la peur. La peur engendre la peur disait-il toujours. Nous allons les regarder droit dans les yeux comme, Jovenel Moïse les aurait fixés. Et nous allons leur dire que c’est assez !
Frèm, Sèm, Ayisyen, Ayisyèn kap viv nan 4 kwen peyi a ak nan diaspora, ou menm ki vi n sipòte fanmi an nan moman difisil sa,
Nou diw mèsi anpil. Prezans ou ban nou fòs ak kouraj pou n ka kenbe. Yo asasinen Jovenel Moïse, men yo pa ka asasinen ni vizyon l, ni ide l yo, ni rèv li genyen pou peyi sa. Nou pèdi yon batay, men nou pa pèdi lagè. Lit la poko fini. Jovenel pap lage nou nan wout. Li te deja montre nou chimen an. E l ap kontinye akonpanye nou jiskaske nou rive, menm si chimen an long.
Jovenel mon amour, mon compagnon, mon ami, mon autre moi, que vais-je devenir sans toi ? Comment me résoudre à vivre sans toi ? Ces pleurs qui inondent mon cœur, ces larmes dans lesquelles mon âme se noie, quand viendras-tu les sécher ?
Je ne peux te faire mes adieux. Alors je te dis au revoir Jovenel. Pars avec tout l’amour que je te porte. Les valeurs que tu nous a inculquées à tes enfants, à moi, à la jeunesse de ton pays continueront d’exister de générations en générations.
Pars en paix mon amour ! Pars avec le sentiment du devoir accompli ! Laisse ton âme reposer en paix ! Nous nous chargerons du reste !