Mardi 6 fév, 2024
PORT-AU-PRINCE, Haiti –
SOS Journalistes exprime ses plus vives préoccupations et appelle les journalistes à la prudence et au respect de l’éthique professionnelle, face à la situation délétère et catastrophique qui risque d’avoir de fâcheuses conséquences sur le fonctionnement de la presse et des autres secteurs de la vie nationale.
SOS Journalistes appelle les journalistes et les médias à faire beaucoup d’attention quant aux déclarations incendiaires et irresponsables de certains partis, groupements ou leaders politiques de nature à jeter davantage le pays, déjà très mal-en-point, dans un chaos généralisé aux conséquences irrémédiables.
La presse est appelée, aujourd’hui plus que jamais, à jouer pleinement son rôle en tant que catalyseur de changement (un changement positif et ordonné) et de défenseur de l’intérêt public, indépendamment des positions politiques partisanes ou intéressées des uns et des autres.
L’idée d’une prise d’assaut du pouvoir, par des groupes armés et totalement incontrolables, ne peut que mal augurer de l’avenir des générations présentes et futures en Haiti. Au contraire, tout bon citoyen doit apporter sa pierre à la construction de l’édiffice national pour sortir le pays de l’impasse et créer une ambiance où les médias et les journalistes, ainsi que la population, pourraient vaquer paisiblement à leurs occupations; et ceci en toute liberté et en toute responsabilité.
SOS Journalistes s’inquiète énormément de la tournure explosive et imprévisible que prend la situation sociopolitique en Haiti et appelle toutes les parties prenantes au dépassement et à la retenue.
Le travail déjà difficile de la presse peut devenir encore plus périlleux en Haiti avec un pouvoir – fondé, entre autres, sur la force des armes – que prônent aujourd’hui certains politiciens et d’autres secteurs intéressés, notamment en raison de leur haine ou leur farouche opposition au gouvernement d’Ariel Henry.
En dépit des failles et des violations imputées au gouvernement d’Ariel Henry, SOS Journalistes croit qu’un chambardement total constituerait un saut périlleux dans l’inconnu et serait porteur de plus de malheurs que de solutions pour Haiti, tandis que maintenant le pays a besoin d’alternatives constructives.
Ces hommes armés disent n’avoir d’ordre à recevoir d’aucune autorité du pays. Certains parlent même de leur projet d’aller chercher le PM Henry et de l’exécuter, là où il puisse se trouver.
Un tas de civils armés, sans titres ni qualité, ont également gagné les rues au coté de membres rebelles de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP). Les hommes politiques devraient se montrer plus responsables et raisonnables.
Des chefs de gangs et de nombreux membres d’associations criminelles connues et redoutées, armés d’armes de guerre, ont également gagné les rues en renfort de la ‘Révolution’ annoncée et conduite par le chef rebelle Guy Philippe.
Ils disent que “toutes les armes, d’où qu’elles proviennent, sont désormais légales en Haiti”. Et personne ne semble pouvoir les contredire.
“Si c’est pour débarassser Haiti d’Ariel, on est prêt à faire un pacte avec le diable et tout détruire dans le pays; et on pourra le reconstruir après…”, a scandé un leader politique bien connu.
Des civils en colère, armés d’armes lourdes, envahissent les rues dans plusieurs villes à travers le pays.
Il est à se demander que va-t-on faire de ces armes au lendemain de ce mouvement d’insurrection.
Définitivement, on a rien appris des expériences vécues jusqu’à très récemment, et dont nous subissons encore les conséquences néfastes.
Nous ne pouvons pas éternellement nous contenter de jeter la responsabilité de nos malheurs seulement sur les étrangers (les anciens colons), sans assumer celle de nos inconséquences, nos incohérences et de notre absence de patriotisme.
Nous, les soi-disant élites, avons, en trop d’occasions, fait des choix inintelligents, égoistes et bêtes.
SOS Journalistes appelle les journalistes et les médias à veiller, particulièrement aujourd’hui, à l’application scrupuleuse des règles éthiques régissant l’exercice de ce beau et noble métier, puisqu’il s’agit-là de l’une des meilleures façons pour les journalistes de se protéger et d’être vraiment utiles aux efforts visant à instaurer et promouvoir un véritable état de droit et démocratique en Haiti.
Attention aux déclarations incendiaires et aux appels à la violence! Ce n’est pas parce que le journaliste ne fait que relayer les déclarations incendiaires de quelqu’un d’autre qu’il soit exempt de toute responsabilité et de toute responsabilisation.
Souvenez-vous-en, chères consoeurs et chers confrères!
Joseph Guyler C. Delva
Secrétaire général
SOS Journalistes Haiti